Danny Weber
14:18 19-11-2025
© A. Krivonosov
La Commission européenne pourrait étendre le DMA à AWS, Azure et Google Cloud: interopérabilité, portabilité des données, fin de l’auto‑préférence et sanctions.
Les géants Amazon, Microsoft et Google pourraient bientôt sentir la pression de l’Union européenne: selon Bloomberg, les régulateurs préparent un examen d’envergure du marché du cloud et envisagent d’appliquer le sévère Règlement sur les marchés numériques (DMA) aux trois plateformes dominantes. Ce serait une première: la loi dépasserait le cadre des services grand public pour viser les fournisseurs d’infrastructure qui les font tourner.
Des sources indiquent que la Commission européenne étudie la possibilité d’imposer à Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud un éventail plus large d’obligations, bien que leur clientèle principale soit composée d’entreprises et que le nombre d’utilisateurs finaux soit difficile à quantifier. Jusqu’ici, ce critère d’audience a permis aux poids lourds du cloud de rester hors du viseur direct du DMA.
Mais la série de pannes spectaculaires et prolongées — de l’effondrement de 15 heures d’AWS, qui a touché Apple, McDonald’s et Epic Games, aux incidents critiques récents chez Microsoft Azure et Google Cloud — a rappelé les risques d’une colonne vertébrale numérique dominée par une poignée d’acteurs. Bruxelles s’inquiète d’une dépendance systémique à un cercle restreint de fournisseurs et se dit prête à réexaminer qui doit relever du dispositif.
Parmi les obligations envisagées pour les acteurs du cloud au titre du DMA pourraient figurer l’interopérabilité obligatoire avec des logiciels concurrents, une portabilité des données simplifiée pour les clients, ainsi que l’interdiction de promouvoir de manière agressive leurs propres produits et services. Si la Commission conclut à des manquements, les sanctions pourraient se chiffrer en centaines de millions d’euros, à l’image de ce qu’a déjà vécu Apple.
Aucune décision formelle n’a été prise pour l’instant, mais la trajectoire est claire: pour la première fois, l’UE paraît prête à appliquer ses règles numériques les plus strictes aux fondations mêmes de l’infrastructure informatique mondiale. Dans un secteur bâti sur la résilience et la disponibilité, la simple perspective d’un tel virage suffit déjà à concentrer les esprits.