Nvidia H200 en Chine: la licence d’exportation qui pourrait tout changer

Danny Weber

12:12 24-11-2025

© A. Krivonosov

Nvidia pourrait exporter la H200 vers la Chine: décision du Département du commerce, specs Hopper HBM3e, impact face à Huawei Ascend et contrôles d’exportation

Nvidia attend la décision du Département du commerce des États-Unis concernant une licence d’exportation pour un accélérateur d’intelligence artificielle plus puissant destiné à la Chine — la puce H200. Selon des sources informées de la politique de l’administration Trump, le département envisagerait d’assouplir partiellement les limites imposées aux technologies américaines de pointe. Le dossier fait figure de test pour la trajectoire des contrôles à venir.

La H200 fait partie des GPU les plus performants de la société. Basée sur l’architecture Hopper et produite par TSMC en 4 nm, elle embarque 141 Go de mémoire HBM3e et offre une bande passante pouvant atteindre 4,8 To/s, de quoi alimenter des modèles de langage de grande taille et des systèmes à haute performance. L’accélérateur est environ deux fois plus puissant que la Nvidia H20, la puce la plus avancée que l’entreprise soit actuellement autorisée à livrer en Chine.

Les craintes américaines de voir des technologies avancées parvenir au secteur militaire chinois avaient motivé d’anciens contrôles à l’export. L’interdiction visant les puces les plus puissantes de Nvidia a à la fois réduit les revenus du groupe en Chine et accéléré l’ascension d’alternatives locales comme la gamme Ascend de Huawei. Selon des données d’analystes, Huawei Ascend détient désormais environ 79 % du marché chinois des accélérateurs d’IA.

À la Maison Blanche comme au Département du commerce, on n’a pas commenté directement une éventuelle autorisation de la H200, tout en soulignant que la sécurité nationale et le leadership technologique des États‑Unis restent la priorité.

Dans le même temps, Washington continue d’assouplir de façon ciblée les règles d’exportation : il a récemment approuvé l’expédition de jusqu’à 70 000 accélérateurs Nvidia Blackwell de nouvelle génération à Humain en Arabie saoudite et à G42 aux Émirats arabes unis. Ces puces doivent servir de socle à la prochaine vague de systèmes d’IA.

Les discussions autour de la H200 interviennent alors que les restrictions visant la Chine sont réexaminées. Dans le cadre d’un récent accord bilatéral, les États‑Unis ont indiqué qu’ils abaisseraient les droits de douane moyens sur les importations chinoises à 48 %, un signal possible d’une reconfiguration plus large de la politique d’exportation.

Gene Munster, de Deepwater Asset Management, estime que des changements de règles pourraient sensiblement améliorer la trajectoire de Nvidia en Chine. Dans le scénario actuel, la croissance des revenus provenant du pays est évaluée à environ 60 % ; mais si les exportations de H200 reprennent, une estimation place cette croissance entre 72 % et 75 %. L’écart suffit à montrer à quel point l’aval sur un seul produit pourrait infléchir la trajectoire de Nvidia sur ce marché — une décision que l’écosystème suivra de près.