Inde: l’app Sanchar Saathi imposée sur tous les smartphones, Apple cherche un compromis

Danny Weber

11:44 02-12-2025

© E. Vartanyan

L’Inde impose l’installation de Sanchar Saathi sur les smartphones, sans suppression possible. Apple conteste. Messageries liées à l’IMSI: vie privée menacée?

Les autorités indiennes exigent d’Apple et des autres fabricants de smartphones qu’ils préinstallent l’application publique Sanchar Saathi sur tous les nouveaux appareils, sans possibilité de la supprimer. L’outil sera en outre déployé sur les téléphones déjà vendus via une mise à jour logicielle, élargissant nettement le périmètre des obligations imposées aux constructeurs.

La décision, prise par le ministère des Télécommunications (DoT) le 28 novembre et révélée par Reuters, accorde 90 jours aux entreprises pour s’y conformer. Le document n’était pas destiné au public et a été transmis de manière confidentielle aux fabricants.

Officiellement, l’objectif est de renforcer la sécurité des utilisateurs et d’aider à localiser les appareils volés. Dans les faits, l’application ouvre la voie à un suivi des smartphones à l’échelle du pays, une perspective qui ravive inévitablement les inquiétudes autour de la vie privée.

Parallèlement, Indian Express indique que le DoT exige des messageries chiffrées de bout en bout qu’elles associent les comptes d’utilisateurs au numéro IMSI unique de la carte SIM. Comme les cartes SIM en Inde ne sont vendues qu’avec une pièce d’identité officielle, cette exigence permettrait aux autorités d’identifier tout utilisateur d’une messagerie.

D’après des sources, Apple se prépare à contester la mesure et à chercher un compromis, par exemple en rendant l’installation facultative et en proposant l’application lors de la configuration initiale de l’appareil. Si les discussions échouent, l’entreprise devra néanmoins s’y plier.

L’enjeu est limpide: l’Inde est à la fois l’un des marchés à la croissance la plus rapide et un hub de fabrication clé pour Apple. Refuser reviendrait de facto à quitter le pays, une perspective difficilement envisageable pour le groupe. Le mandat devrait aussi relancer un débat récurrent: où placer le curseur entre sécurité et vie privée.