Dépistage du strabisme chez l’enfant en 30 secondes avec un smartphone

Danny Weber

16:32 25-10-2025

© ITHome

Des chercheurs présentent DRS, un outil sur smartphone qui dépiste le strabisme chez l’enfant en 30 secondes, mesure l’angle, concordance 98 %, précis.

Des chercheurs chinois ont mis au point une méthode pour dépister le strabisme chez l’enfant en trente secondes à peine, à l’aide d’un simple smartphone. Fréquente dans l’enfance, cette affection peut, si elle n’est pas prise en charge, déboucher sur de sérieux troubles visuels. L’obstacle diagnostique est bien connu: les jeunes patients peinent à décrire ce qu’ils ressentent et les premiers signes, discrets, échappent facilement.

Jusqu’ici, évaluer l’angle d’un strabisme exigeait un ophtalmologiste chevronné et une batterie de procédures. Les tentatives d’automatisation n’ont jamais vraiment trouvé leur public: matériel coûteux d’un côté, précision insuffisante de l’autre. Dans ce contexte, la nouvelle approche ressemble à une vraie percée pour l’ophtalmopédiatrie.

Une équipe conjointe, dirigée par le professeur Lin Haotian du Centre d’ophtalmologie de l’Université Sun Yat-sen et par le professeur associé Xu Feng de Tsinghua, a développé le Digital Ruler of Strabismus (DRS). Fondé sur un principe de masque numérique, l’outil ne réclame qu’un court clip — une trentaine de secondes filmées par l’appareil photo du téléphone. Après traitement, le logiciel calcule automatiquement l’angle de déviation et détermine la sévérité du strabisme avec une grande exactitude. L’idée paraît d’une évidence désarmante; c’est précisément là que réside sa force.

Les résultats ont été publiés le 23 octobre 2025 dans une revue affiliée au New England Journal of Medicine. La technologie dispose déjà de trois brevets. Son efficacité a été évaluée lors d’une large étude clinique menée dans trois centres d’ophtalmologie de premier plan en Chine. Les chercheurs ont comparé DRS au test de référence, le prism and alternate cover test (PACT). L’erreur moyenne de mesure n’a été que de 4,5 dioptries prismatiques, et la concordance avec la méthode traditionnelle a atteint 98 %.

DRS ne se contente pas de quantifier le désalignement: il distingue aussi les formes vers l’intérieur, vers l’extérieur et latentes du strabisme. Il suit en outre les variations dynamiques chez les patients présentant un strabisme intermittent, en capturant à la fois la vitesse et le moment où l’alignement normal est rétabli. De quoi offrir aux cliniciens un suivi au plus près de l’évolution, en temps réel.

Face aux systèmes existants, la méthode se distingue par sa précision, sa simplicité et son accessibilité. Sans équipement onéreux, elle s’adapte aux petites structures — voire aux écoles. Les concepteurs soulignent qu’elle ouvre la voie à un dépistage visuel numérique de grande ampleur chez l’enfant, notamment dans les régions où les ressources médicales sont limitées, et aide à repérer des troubles qui passeraient autrement sous le radar. En ramenant le dépistage sur un appareil que les familles ont déjà en poche, le seuil d’accès aux contrôles précoces s’abaisse — un détail qui, dans la pratique, peut changer la donne.