Danny Weber
14:12 05-11-2025
© B. Naumkin
Google dévoile Project Suncatcher: des centres de données d’IA solaires en orbite. TPU Trillium durcis, liaisons laser et prototypes Planet Labs en 2027.
Google présente Project Suncatcher, une initiative visant à installer des centres de données d’IA sur des satellites en orbite, alimentés uniquement par l’énergie solaire. L’idée: puiser dans une source propre pratiquement inépuisable pour faire tourner ses processeurs TPU, autant pour l’entraînement que pour l’inférence.
Sur Terre, les centres de données de Google suscitent déjà des inquiétudes quant à leur consommation d’électricité et à la pression exercée sur les réseaux. En orbite, en revanche, les panneaux solaires peuvent fonctionner presque en continu et avec un meilleur rendement. L’ingénieur de Google Travis Beals estime que, à mesure que la demande explose, l’espace pourrait devenir l’endroit le mieux adapté pour faire passer la puissance de calcul à l’échelle. La logique se tient: l’orbite promet une exploitation énergétique plus régulière que sur le sol.
Le projet doit toutefois franchir de solides obstacles techniques. Premier écueil: le rayonnement. Google met à l’épreuve ses TPU Trillium pour vérifier leur résistance aux conditions extrêmes de l’espace. Les premiers résultats indiquent que ces processeurs pourraient fonctionner jusqu’à cinq ans sans dégradation.
Autre défi: l’échange de données à très haut débit entre installations orbitales. Google compte recourir à des liaisons optiques laser capables d’acheminer des volumes à des dizaines de térabits par seconde. Les satellites devraient voler à quelques kilomètres les uns des autres—une configuration qui accroît le risque de collisions et d’impacts de débris spatiaux, et qui exige un contrôle d’une précision chirurgicale. Sur le papier, la formation est élégante; en pratique, chaque mètre compte.
Malgré la facture, l’entreprise juge le plan économiquement prometteur. Selon ses projections internes, d’ici le milieu des années 2030, les coûts d’exploitation des centres de données en orbite pourraient rejoindre ceux des installations au sol, portés par la baisse du prix des lancements. La concurrence s’organise déjà: SpaceX et Blue Origin, la société de Jeff Bezos, explorent eux aussi des pistes pour placer de la puissance de calcul en orbite. La course tient ici autant au positionnement qu’à l’ingénierie.
Pour l’heure, Google en est aux premières étapes. En partenariat avec Planet Labs, l’entreprise prévoit de lancer deux satellites prototypes d’ici début 2027, afin de tester la robustesse du matériel et de jauger la viabilité du concept. Si ces essais sont concluants, Project Suncatcher pourrait ouvrir un nouveau chapitre pour une IA plus sobre en énergie—littéralement au-delà de la Terre.