Pourquoi les iPhone, Galaxy et Pixel plafonnent à 5 000 mAh

Danny Weber

06:53 06-11-2025

© A. Krivonosov

Pourquoi iPhone, Galaxy et Pixel restent à 5 000 mAh quand des modèles chinois montent à 7 000-8 000: design plus fin, limites logistiques et batteries doubles.

Face à la vague de smartphones chinois affichant des batteries de 7 000 à 8 000 mAh, celles des iPhone, Galaxy et Pixel paraissent modestes. Même le Galaxy S25 Ultra plafonne à 5 000 mAh, et l’iPhone 17 Pro Max ne fait que dépasser de peu ce seuil. Sur le papier, l’écart déroute; dans les faits, l’explication est limpide.

Une part de la réponse tient au design et à l’épaisseur. Les modèles haut de gamme visent des silhouettes ultra-fines — l’iPhone Air ne mesure que 5,6 mm, ce qui limite physiquement la place pour la batterie. Il existe toutefois un contre-exemple: le RedMagic 11 Pro intègre 7 500 mAh dans un châssis de 8 mm et prend même en charge la recharge sans fil. La finesse n’implique donc pas systématiquement une petite capacité, mais l’arbitrage est bien réel.

La raison principale, pourtant, déborde le dessin industriel pour toucher aux règles de transport international. Les réglementations classent les batteries lithium‑ion au‑dessus de 20 Wh — soit environ 5 400 mAh — comme des marchandises dangereuses de classe 9. À la clé: des coûts logistiques plus élevés, des emballages spécifiques et des autorisations supplémentaires. Sans surprise, Apple, Samsung et Google cherchent à rester sous ce seuil. Ici, le plafond tient moins de l’ambition que de la logistique.

Les marques chinoises ont trouvé une parade: deux batteries plus petites plutôt qu’un unique grand élément. Chaque module reste sous la barre des 20 Wh, mais l’ensemble dépasse aisément 7 000 mAh sans enfreindre les règles d’expédition. En parallèle, OnePlus, Honor, Xiaomi et RedMagic poussent les batteries silicium‑carbone à plus forte densité énergétique, faisant progresser l’endurance à un rythme qui semble à la fois rapide et assumé.

Le silicium peut stocker jusqu’à dix fois plus de charge que le lithium, mais il peut aussi se dilater jusqu’à 300% lors de la charge, au risque d’endommager la cellule. Les fabricants répondent par des nanostructures et des revêtements chimiques. Malgré tout, cette bascule exige de nouvelles lignes de production, des certifications dédiées et des matériaux coûteux — une transition onéreuse pour Apple, Samsung et Google, qui ont déjà investi des milliards dans le lithium‑ion classique.

Les cellules silicium‑carbone imposent aussi de nouveaux systèmes de gestion de l’énergie, des profils de vieillissement différents et des puces de charge repensées. Le risque d’erreurs s’en trouve accru — et depuis les incidents du Galaxy Note 7, Samsung redouble de prudence. De son côté, Apple n’introduit généralement des ruptures qu’après de longs tests internes. Cette approche peut paraître conservatrice, mais elle reste cohérente avec leur calcul du risque.

Le mouvement paraît toutefois inévitable. Les prévisions évoquent un basculement progressif vers le silicium‑carbone chez Samsung, Apple et Google entre 2027 et 2030. Les premiers gains devraient être mesurés — de l’ordre de 5 à 10% de capacité —, ce qui se traduirait par environ 5 500 mAh pour de futurs modèles Galaxy Ultra et quelque 6 000 mAh pour la gamme iPhone Pro Max.